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Double échec, double défi

« Construire une société plus égalitaire ». Tels étaient les propos du 1er ministre dimanche soir. Un enjeu sur lequel tout le monde se retrouve mais qui suppose au préalable un constat.

En dehors des émeutes elles mêmes, il s’agit d’un constat social négatif. Mais qu’inclus donc ce bilan et quelles mises en œuvres envisagées ? De cela le ministre ne parle pas. Et c’est sur ce sujet épineux que, à droite comme à gauche, les tenants des politiques nationales et locales devraient réfléchir.

Double échec

Depuis la politique de regroupement familiale des années 70 et les changements sociaux prévisibles survenus, la droite et la gauche n’ont pas pensé à compenser et à combler les carences humaines naturelles induites par ces bouleversements démographiques (éthnicisation, surpopulation…). Les questionnements identitaires des années 80 en sont le reflet. Les tensions inter quartiers en sont le baromètre. Les tentatives de récupération politiques de ces populations issues de l’immigration sont un prolongement et un miroir. Le prolongement de l’utilisation mercantile des ouvriers des années 50 et 60 vers l’utilisation électoraliste de ces populations. Le miroir du degré d’intérêt humain véritable porté par ceux qui gèrent l’espace public envers leurs administrés ghettoïsés. Y a-t-il des administrés honteux pour un maire ? Y a-t-il des administrés à valeur citoyenne modulable ?

Cet échec flagrant des politiques dites « d’intégration » de la droite comme de la gauche - qui rappelons le a permis aux idées du FN (reprises à l’occasion par la gauche et la droite) d’accéder au plus haut degré de la scène politique nationale - cet échec donc, doit aussi pousser à analyser les mécaniques de l’échec. Les institutions et les instances municipales mises en place se révèlent incapables de prévention et de médiation. C’est aussi l’échec des ZEP qui sont certainement un important maillon de la chaîne de l’exclusion sociale. Et qu’en est-il des acteurs associatifs issus des quartiers populaires ? Ont-ils aujourd’hui droit de citer auprès de la France d’en haut ? Sont-ils de ceux qui contribuent et qui construisent cette alchimie démocratique et cette pluralité sociale ? En vérité, les municipalités successives jusqu’à aujourd’hui n’ont pas favorisé l’émergence de ces nouvelles forces libres de la pensée et de la contribution. Au contraire, elles se sont cachés derrière les discours sécuritaires (islamistes, entristes …) pour délégitimer et déconstruire dette pensée issue de la base et d’un vécu authentique, qui certes ne maîtrise pas forcément tous les éléments techniques mais qui au moins reflète une réalité et ne construit pas des oppositions idéologiquement importées. Ils ont préféré apporter des discours idéologiques (ni pute ni soumise, SOS racisme…) pour éviter d’avoir à faire aux véritables acteurs pour en passant lutter contre cette ré-islamisation supposée des quartiers, qui est soit disant problématique. Si oui en quoi ?

Mais l’échec des uns ne fait que questionner la responsabilité des autres. Doit on abandonner ce travail de terrain long, fastidieux, épuisant et gratifiant à la foi, sous prétexte de non subvention ou de discrimination politique ? Où sont les expériences locales réussies de dialogue, d’accompagnement et de construction d’une population qui ne demande qu’à contribuer ? Les seuls qui continuent se sont réfugiés dans les mosquées ou dans les MJC délaissant le plus grand nombre et se détournant des véritables problèmes et des enjeux actuels.

Ce double échec nous renvoie donc à un double défi.

Double défi

Les politiques sont devant l’évidence qu’ils sont dans l’absence d’interlocuteurs sur le terrain. Le seul médiateur reste encore aujourd’hui le flashball. La mosquée n’est plus à même d’apaiser ce genre de situation. De même, le parachutage idéologique d’associations du type NPNS avec un discours destiné à défoulardiser les jeunes filles ou à mettre en opposition les valeurs fondamentales de la république et les valeurs musulmanes ne sont que des trompe-l’oeil et des outils politiques malsains. Elles n’ont rien apporté de concret, au contraire elles enveniment un type de rapport. La sincérité à vouloir avancer réellement sur un type de terrain sera le facteur déterminant et doit pousser les acteurs dominants à croire en la nécessaire émergence d’acteurs issus du terrain autre que la MJC et le rap. Par la force des choses ce contact sera certainement très critique mais ô combien nécessaire, salutaire, et vrai pour tous.
Les acteurs associatifs issus des quartiers et présents sur le terrain ont aussi une grande responsabilité dans l’évolution de la qualité de vie au sein de ces quartiers. Ils sont des intermédiaires entre les formes de pensée et d’actions politiques en terme de projets urbanistiques ou culturels et des populations qui ne demandent qu’à sortir du consumérisme primaire pour aller vers une démocratie participative -tellement aimé dans les mots mais redouté dans sa mise an application- car elle implique de part et d’autre la formulation de la critique et les exigences intellectuelles que cela suppose et de l’autre l’acceptation de cette critique comme force positive et constructive qu’il ne faut pas infantiliser malgré parfois des formulations maladroites.

[*Des accompagnements de part et d’autre sont nécessaires. Mais n’est-ce pas le sens même de nos défis communs que de mettre à l’épreuve nos réalités pour construire La réalité.
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