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Le bon, la brute et le truand

Suite aux positions du maire exprimées le 9 décembre [1] qui renvoient sur les musulmans le retard de la construction de la nouvelle mosquée de St Martin d’Hères, et face à l’absence de procès verbal administratif de la part de la FCMM, l’association CMM a comme à son accoutumé effectué un bilan et posé des perspectives dans une réunion publique à laquelle Pas à Pas était conviée. Nous avons répondu présent, comme une trentaine d’autres personnes, et remercions pour cette invitation.

Au delà du bilan technique et administratif nécessaires, les propositions du bureau exécutif de le CMM nous semblent rester dans une logique militante, partisane et solitaire.

En effet, la décision d’envoyer un courrier [2] avec pour objet les normes de sécurité de l’actuelle salle de prière (qui sur le fond peut être juste) ne nous parait pas judicieuse car elle met en opposition les musulmans entre eux sur un sujet purement technique. Pas à Pas avait émis, lors de cette réunion, un avis défavorable quant à l’envoi de ce courrier car il ne sert pas l’intérêt du plus grand nombre et pourrait créer des polémiques inutiles et donner raison aux théories du maire sur la division des musulmans. Ce courrier envoyé par le CMM trahit une frustration et une radicalisation dans leur rapport avec le maire sur ce sujet.
Il nous semble que la communauté musulmane ne répond pas forcément à un militantisme politique partisan mais préfèrerai entendre les responsables (FCMM) de la mosquée dans des postures audibles, sages et courageuses. Faire appel aux médias, sachant que France3 Alpes traite ce sujet de manière très inégalitaire, ne suffit pas pour capitaliser l’attention des musulmans.

Pour l’association Pas à Pas, la manifestation politique -et non pas citoyenne- à laquelle appelle CMM n’a pas les garanties de sa réussite religieuse (écoute, concertation, pluralité) ni les exigences d’un travail associatif clair. Encore une fois, faut il le rappeler, la course aux minarets répond à un certain type de besoins qui ne sont pas en haut de la liste des urgences sociales. Les mûrs ne font pas les hommes. Ni les mosquées ne règlent les dérèglements sociaux, ni les imams ne font la politique de la ville, ni les CRCM, en tout cas jusqu’à maintenant, ne pallient aux glissements idéologiques d’une laïcité devenue étriquée. Aux musulmans de comprendre où sont leurs intérêts généraux (emplois, logements, discriminations, liberté de parole, égalité,) dans une société dans laquelle les instrumentalisations sont légions, en particulier celle concernant l’immigration et celle concernant le fait musulman. Aux acteurs associatifs d’être force d’analyse et de propositions sur des terrains qui sont encore malheureusement, à Grenoble comme dans la majorité des villes, des territoires gardés par une classe politique en panne de projet et qui, « comme au bon vieux temps des colonies », peine à accepter l’autonomie intellectuelle, financière et citoyenne d’une partie de la population française. [3]