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Une illustration des pratiques de l’OPAC de Saint Etienne

On sait que la direction de l’OPAC de Saint Etienne a été très sévèrement mise en cause par un rapport de la Miilos. Il révèle une gestion basée sur des critères ethniques et anti-pauvre, dans l’attribution de logements.

Nous publions ci-dessous une lettre signée par le directeur de l’OPAC, Mr Laurent Gagnaire, qui illustre les conceptions détestables de la direction de l’OPAC, les pratiques qu’elle entretien avec ses locataires.

Il s’agit d’une lettre adressée à une locataire qui avait demandé, et obtenu, des travaux dans son logement (sol et placard sous évier), conformément aux accords collectifs signés entre l’OPAC et la CNL de la Loire. Ces accords collectifs prévoient une participation financière de l’OPAC à des réparations locatives, pour les locataires occupants leurs logements depuis deux ans, et à jour de leurs loyers.Cette locataire avait joint à sa demande un certificat médical, sa petite fille étant allergique à la poussière. Précisons aussi que cette locataire n’habite pas au 13 rue Edgar Degas, lieu des dégradations mentionnées dans la lettre, ni à proximité.

Voici donc le contenu de cette lettre datée du 5 janvier 2006 :

« Il y a quelque temps, l’OPAC a subi des dégradations au 13 rue Edgar Degas.
D’après les premiers éléments de l’enquête, il s’avère que votre frère pourrait être impliqué dans ces incidents.
Par conséquent, une enquête plus approfondie a été demandée auprès des services de Police.
De ce fait, nous vous confirmons que notre proposition du 6 octobre 2005 relative aux travaux sollicités (remplacement placard sous évier) et entrant dans le cadre des accords collectifs a été provisoirement suspendue.
Nous ne manquerons pas de vous tenir informée de la suite réservée à cette affaire.
Nous vous prions d’agréer, Madame, nos salutations distinguées.

Le Directeur Général Laurent Gagnaire »

On se pince, on frémit. Comment le directeur d’un organisme de logements sociaux a pu écrire une telle lettre ? ça en dit long sur la banalisation et la généralisation des pratiques détestables qui se sont installées à l’OPAC de Saint Etienne, sur le mépris que les dirigeants de l’OPAC ont vis à vis des familles modestes qu’ils logent.
Des pratiques qui portent atteintes à la vie privée, à la dignité. Au nom de quoi l’OPAC s’ingère-t-elle dans les liens familiaux des locataires ? D’ailleurs comment en a-t-elle connaissance ? A-t-elle aussi mis en place un système de renseignements dans ce domaine ? L’OPAC classe-t-elle aussi les locataires suivant le comportement de leurs familles, en fonction de normes qu’elle a elle-même définies ?
Tout cela n’a bien sûr rien à voir avec une gestion sociale. Rien à voir non plus avec le respect des personnes et de la dignité humaine.
Alors que Saint Etienne s’engage dans d’importantes opérations de rénovation urbaine, quel avenir pour le logement des moins fortunés, des couches populaires, si de telles conceptions perdurent à la direction de l’OPAC ?
Il est urgent que ça cesse !

Mercredi 25 janvier en début d’après midi une vingtaine de militants du DAL se sont rendus au siège de l’OPAC pour aller demander des explications au directeur et pour qu’il revienne sur sa décision. Plusieurs demandes de rendez vous avaient été faites par la locataire et le DAL, sans réponse du directeur.
Au rez de chaussée on nous a dit que M. Gagnaire était en entretien, qu’il ne pouvait pas nous recevoir. Au bout d’une demi heure, nous avons donc décidé de forcer un peu les portes et de monter les étages jusqu’ à son bureau pour, d’une certaine manière, le " déloger". L’explication a donc finalement eu lieu et Amina, la locataire, a obtenu un rendez vous. Une personne du DAL l’accompagnera.
Georges Günther

Vendredi soir 27 janvier, Amina et moi, nous nous sommes donc rendus au rendez vous que nous avions arraché au directeur, Mr Gagnaire.

Le ton était inhabituel. Le directeur est venu nous accueillir dans le hall : « Soyez les bienvenus dans cette maison ». Est-ce le même homme que celui qui refusait de nous recevoir mercredi ? Il nous accompagne jusqu’à l’étage de la direction.

Il y a là Germaine Alvergnat (CNL), membre du conseil d’administration élue par les locataires. Elle n’a pas lu la lettre que Gagnaire a envoyée à Amina. Nous lui en faisons prendre connaissance au cours de la rencontre.

Après une série de questions à Amina, le rappel qu’il reçoit tous les locataires qui le demande, le directeur, annonce que la commission de suivi des accords locatifs a décidé de lever la suspension des travaux. Le sol et le placard sous évier d’Amina seront donc refaits.

Amina est alors revenu sur la lettre du directeur. « C’est inadmissible (...) vous ne pouvez pas vous substituer à la justice (...) en quoi vous vous mêlez de la vie familiale des locataires (...) c’est une sorte de double peine... ». Mr Gagnaire s’engage dans une longue tentative de justification : « C’est un cas isolé (...) je ne connais pas tous les dossiers des accords locatifs (...), je ne suis pas un flic... ». Et enfin les excuses à Amina : « Si vous en avez été blessée (il parle de la lettre qu’il a envoyé) je m’en excuse ».

Visiblement il a reçu des consignes d’apaisement. Après la mise sur la table du rapport de la Miilos certains (notamment du côté de la mairie et aussi ailleurs) commencent à être embêtés.

Nous avons conclu la rencontre en demandant un changement total dans les rapports avec les locataires. Q’ils soient basés sur le respect de la dignité des personnes, sur la transparence et la possibilité pour les locataires de participer aux décisions.

Voir en ligne : Paru sur Réseaux Citoyens de St Etienne